Le marché immobilier français confirme sa reprise en cette fin d'année 2025. Avec des taux de crédit stabilisés autour de 3,04 % sur 10 ans et un volume de transactions en hausse de 11 %, les conditions d'emprunt retrouvent un niveau d'attractivité inédit depuis deux ans. Cette dynamique s'appuie sur une politique monétaire accommodante de la BCE et un retour massif des primo-accédants.
Des taux stabilisés à leur plus bas niveau depuis 2023
En décembre 2025, les taux moyens de crédit immobilier affichent une stabilité remarquable. Selon le baromètre CAFPI, les taux s'établissent à 3,02 % sur 10 ans, 3,07 % sur 15 ans, 3,25 % sur 20 ans et 3,35 % sur 25 ans. Ces niveaux représentent une amélioration significative par rapport au pic de fin 2023, où les taux avaient dépassé 4 %.
Les meilleurs profils emprunteurs peuvent désormais obtenir des conditions encore plus avantageuses : 2,70 % sur 10 ans, 2,85 % sur 15 ans, 2,99 % sur 20 ans et 3,10 % sur 25 ans. Cette segmentation reflète la concurrence accrue entre établissements bancaires, qui affichent des objectifs ambitieux pour 2026.
« Les crédits immobiliers sont désormais moins chers en France que la moyenne de la zone euro »
— Banque de France, octobre 2025
Le taux moyen des nouveaux crédits à l'habitat (hors renégociations) s'établit à 3,09 % en octobre 2025, contre 3,36 % pour la moyenne de la zone euro, selon les données de la Banque de France. Cette différentielle favorable positionne la France parmi les marchés les plus attractifs d'Europe pour l'acquisition immobilière.
Une production de crédits en forte accélération
La reprise du marché du crédit immobilier se traduit par des chiffres éloquents. Entre janvier et octobre 2025, la production cumulée de prêts à l'habitat atteint 120,9 milliards d'euros, soit une progression de 37 % par rapport aux 87,9 milliards enregistrés sur la même période en 2024.
La production mensuelle confirme cette tendance :
- Octobre 2025 : 13,2 milliards d'euros de nouveaux prêts
- Mars 2025 : 12 milliards d'euros (+71 % sur un an)
- Juin 2025 : 12,9 milliards d'euros (+46 % sur un an)
Selon les estimations du groupe BPCE, la production totale devrait atteindre 168 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année 2025, soit une croissance de 16 % par rapport à 2024. Ce niveau reste toutefois inférieur aux 235 milliards d'euros enregistrés en 2022, année record pour le marché français.
921 000 transactions : le marché retrouve des couleurs
Le volume des transactions immobilières confirme le retournement de tendance. Selon les données des Notaires de France, 921 000 ventes de logements anciens ont été enregistrées entre le 30 septembre 2024 et le 30 septembre 2025, soit une hausse de 11 % sur un an.
« Après deux années de forte baisse, le marché immobilier a amorcé sa reprise au dernier trimestre 2024, se poursuivant en 2025. Notre optimisme reste toutefois prudent face aux incertitudes politiques, économiques et géopolitiques »
— Me Priscille Caignault, Conseil supérieur du notariat
Ce rebond intervient après un point bas historique à 832 000 transactions entre septembre 2023 et septembre 2024, et reste encore éloigné du record de 1,2 million de ventes atteint en 2021-2022.
Des disparités régionales marquées
La reprise n'est pas uniforme sur le territoire. Certains départements affichent des progressions spectaculaires :
- Gironde : +18 % de transactions
- Haute-Garonne : +17 %
- Rhône : +16 %
À l'inverse, la Creuse reste le seul département métropolitain à enregistrer un recul des ventes (-1 %). L'Île-de-France connaît une dynamique contrastée, avec des prix en baisse de 1,3 % tandis que le reste de la France affiche une progression de 0,5 %.
Le pouvoir d'achat immobilier en nette amélioration
La stabilisation des taux conjuguée à l'ajustement des prix redonne du pouvoir d'achat aux acquéreurs. Selon les notaires, la surface finançable par un ménage type est passée de 75 m² en 2023 à 81 m² en 2025, retrouvant les niveaux de 2022.
Un couple disposant de revenus mensuels de 4 300 euros peut désormais emprunter jusqu'à 252 000 euros sur 20 ans à 3,25 %, avec une mensualité de 1 505 euros assurance comprise. Cette capacité d'emprunt a progressé de 12 % par rapport à 2024.
Avec un budget de 300 000 euros, les possibilités d'acquisition varient considérablement selon les territoires :
- Paris 18e : un appartement deux pièces
- Lyon : un appartement trois pièces
- Le Mans : une maison de six pièces
Le retour en force des primo-accédants
Les ménages accédant pour la première fois à la propriété constituent le moteur principal de cette reprise. Leur part dans la production de crédits pour l'acquisition de résidence principale atteint 52 % en août 2025, contre 50,9 % un an plus tôt.
Cette dynamique est soutenue par l'extension du Prêt à Taux Zéro (PTZ), élargi depuis le 1er avril 2025 à l'ensemble du territoire français, y compris les zones rurales et périurbaines longtemps exclues. Le dispositif, prolongé jusqu'en 2027, permet de financer jusqu'à 50 % du coût d'acquisition sans intérêts.
Pour 2026, de nouvelles améliorations sont envisagées : les plafonds du PTZ pourraient passer de 156 000 à 195 000 euros au maximum, et de 79 000 à 99 000 euros au minimum, selon les amendements adoptés par les députés dans le projet de loi de finances.
La BCE maintient le cap sur la stabilité monétaire
Le contexte monétaire reste favorable aux emprunteurs. Lors de sa réunion du 18 décembre 2025, la Banque centrale européenne a maintenu ses taux directeurs inchangés pour la quatrième fois consécutive :
- Taux de dépôt : 2,00 %
- Taux de refinancement : 2,15 %
- Taux de prêt marginal : 2,40 %
Depuis le début de son cycle d'assouplissement en juin 2024, la BCE a abaissé ses taux directeurs à huit reprises, ramenant le taux de dépôt de 4 % à 2 %. Les projections d'inflation de l'institution anticipent un retour vers l'objectif de 2 % : 2,1 % en 2025, 1,9 % en 2026, 1,8 % en 2027.
Cette orientation accommodante devrait maintenir des conditions de financement favorables dans les mois à venir, même si les analystes d'ING n'anticipent pas de nouvelle baisse des taux avant le printemps 2026.
Des facteurs de fragilité persistent
Malgré ces signaux positifs, plusieurs éléments incitent à la prudence. Le rendement de l'OAT à 10 ans a atteint 3,56 % fin décembre, son plus haut niveau depuis 2011, reflétant les tensions sur la dette française. Le spread avec le Bund allemand s'est élargi à près de 80 points de base, alimenté par l'incertitude budgétaire.
L'échec des négociations parlementaires sur le budget 2026 contraint le gouvernement à recourir à une législation d'urgence pour reconduire le budget 2025. Cette instabilité politique pèse sur la confiance des ménages, dont le taux d'épargne atteint 18 % du revenu disponible au deuxième trimestre 2025, un record sur 40 ans.
Les réglementations énergétiques continuent également de remodeler le marché. Depuis janvier 2025, les logements classés G au diagnostic de performance énergétique sont interdits à la location, et les logements F seront concernés à partir de 2028. Ces contraintes freinent l'investissement locatif, dont la part dans les acquisitions recule.
Perspectives 2026 : stabilité des taux, reprise modérée
Les experts anticipent une stabilisation des taux de crédit immobilier autour de 3 % pour le premier semestre 2026, avant une possible légère remontée en fonction de l'évolution des taux souverains et de l'inflation. Dans un scénario optimiste d'assouplissement monétaire supplémentaire, les taux courts pourraient passer sous la barre des 3 %.
Le volume de transactions devrait poursuivre sa progression pour atteindre 930 000 à 940 000 ventes sur l'année 2025 complète. Pour 2026, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) anticipe une reprise plus marquée de la construction neuve, avec 303 000 mises en chantier prévues contre 290 000 en 2025.
Cette fenêtre d'opportunité pour les acquéreurs pourrait toutefois se refermer. Selon les courtiers, la probabilité d'une hausse des taux en 2026 (60-70 %) dépasse celle d'une nouvelle baisse (20-25 %), ce qui inciterait les ménages à concrétiser leurs projets d'achat dans les prochains mois.