L'année 2025 se termine sur une note difficile pour le marché des SCPI de bureaux. La société de gestion PAREF Gestion a annoncé le 18 décembre une dévalorisation de 18,09 % du prix de part de sa SCPI PAREF Hexa, ramenant celui-ci de 210 € à 172 €. Cette décision porte à 14 le nombre de SCPI ayant procédé à des baisses de prix depuis le début de l'année.
Un ajustement brutal mais attendu
La valeur de retrait s'établit désormais à 154,80 €, soit un écart de 10 % par rapport au nouveau prix de souscription. Selon PAREF Gestion, cette révision reflète une baisse de la valorisation du portefeuille d'environ 9 % à périmètre constant par rapport au 30 juin 2025.
Le portefeuille de PAREF Hexa comprend 41 actifs immobiliers répartis à 68 % en régions, avec une exposition de 67 % aux bureaux de surfaces moyennes et 30 % aux locaux d'activité et de logistique. Environ 30 % des locataires sont des entités publiques ou parapubliques.
« L'immobilier tertiaire a connu un ajustement profond depuis quatre ans. Les volumes d'investissement ont été divisés par plus de deux par rapport aux années 2017-2019. »
— David Aubin, Directeur Général de PAREF Gestion
Un marché des bureaux francilien sous tension
Les données du marché confirment l'ampleur des difficultés. Selon les études de JLL et Colliers, le taux de vacance en Île-de-France a atteint 11 % à fin septembre 2025, contre moins de 8 % il y a cinq ans. L'offre immédiate culmine à 6,1 millions de mètres carrés, en hausse de 17 % sur un an.
La demande placée recule trimestre après trimestre : elle atteint 1 193 000 m² sur les neuf premiers mois de 2025, soit 8 % de moins qu'en 2024. En régions, la baisse atteint 25 % sur les derniers trimestres, accentuant la pression sur les valorisations.
Cette situation se traduit par une polarisation croissante du marché :
- Paris QCA : loyer prime record à 1 200 €/m²/an (+20 % sur un an)
- Première Couronne Sud : reprise modérée (+28 % de transactions)
- Péri-Défense et Première Couronne Nord : taux de vacance supérieur à 28 %
PAREF Hexa n'est pas un cas isolé
Depuis le début 2023, 34 SCPI ont procédé à des baisses de prix. Parmi les plus touchées :
- Primopierre (Praemia REIM) : -44,71 % en quatre dévalorisations successives, passant de 208 € à 115 €
- Épargne Foncière (La Française REM) : -19,71 % au 1er janvier 2025
- Laffitte Pierre (AEW Patrimoine) : -34,4 %
- Accimmo Pierre : -31 %
Le taux d'occupation financier (TOF) de PAREF Hexa s'établit à 90,5 % au troisième trimestre 2025, en baisse progressive. À titre de comparaison, Primopierre affiche un TOF de 81,9 %, bien en dessous du seuil de référence de 90 %.
Un facteur aggravant pour PAREF Hexa
La SCPI a également été impactée par le départ d'un locataire occupant un actif situé à Gennevilliers, représentant environ 8 % du patrimoine. Cette zone connaît une vacance locative particulièrement élevée.
Une crise de liquidité persistante
Au 30 septembre 2025, 2,38 milliards d'euros de parts SCPI sont en attente de retrait, soit 2,7 % de la capitalisation totale du marché. Les SCPI de bureaux représentent 77 % de ce montant.
Les délais théoriques de remboursement illustrent l'ampleur du blocage :
- Primopierre : délai théorique supérieur à 1 000 jours
- Primovie : 130 ans (520 trimestres)
- Épargne Foncière : 14 ans (56 trimestres)
Des signaux de reprise sur d'autres segments
Malgré ces difficultés, le marché global des SCPI montre des signes de résilience. La collecte nette cumulée sur les neuf premiers mois de 2025 atteint 3,3 milliards d'euros, en hausse de 33 % par rapport à 2024.
Les SCPI diversifiées captent 74 % des souscriptions, témoignant d'une recherche de mutualisation des risques par les épargnants. À l'inverse, les SCPI de bureaux ne représentent plus que 14 % de la collecte.
Treize SCPI ont revalorisé leur prix de part en 2025, parmi lesquelles :
- Alta Convictions (Altarea IM) : de 305 € à 308 € (+0,98 %)
- Elialys (Advenis REIM) : de 200 € à 204 € (+2 %)
- Transitions Europe (Arkea REIM) : de 200 € à 202 € (+1 %)
L'impact des taux d'intérêt
La Banque centrale européenne (BCE) a poursuivi sa politique d'assouplissement monétaire, avec un taux de refinancement désormais à 3,15 %. Cette baisse progressive, après un pic à 4,5 % début 2024, devrait théoriquement soutenir les valorisations immobilières.
Cependant, les effets tardent à se matérialiser pour les SCPI de bureaux, confrontées à des défis structurels :
- L'évolution des modes de travail post-Covid (télétravail, flex office)
- Les nouvelles exigences environnementales (décret tertiaire)
- La transformation des besoins des entreprises en surfaces
Perspectives pour les investisseurs
PAREF Gestion anticipe le maintien du dividende 2025 au niveau de 2024, soit 12,58 € par part. Rapporté au nouveau prix de 172 €, cela représenterait un rendement facial de 7,3 %, supérieur à la moyenne du marché (4,5 à 5 %).
Sur 15 ans, le TRI (taux de rendement interne) de PAREF Hexa atteignait 5,6 % au 31 décembre 2024, avant l'ajustement du prix.
Points de vigilance
Les experts recommandent la prudence face aux SCPI fortement exposées aux bureaux :
- Privilégier les SCPI diversifiées (santé, logistique, résidentiel)
- Vérifier le taux d'occupation financier (>90 % recommandé)
- Analyser la répartition géographique du portefeuille
- Adopter un horizon d'investissement long terme (8-10 ans minimum)
Opportunités potentielles
Pour les investisseurs acceptant le risque, les baisses de prix peuvent constituer des points d'entrée intéressants. Les stratégies en nue-propriété, avec décote sur la valeur des parts, gagnent en popularité dans ce contexte.
Ce qu'il faut surveiller
Plusieurs indicateurs seront déterminants pour 2026 :
- L'évolution du taux de vacance francilien (actuellement 11 %)
- Les décisions de la BCE sur les taux directeurs
- Le volume des parts en attente de retrait
- Les arbitrages des sociétés de gestion sur leurs actifs les plus fragiles
Le marché des SCPI traverse une phase de rééquilibrage profond. Si les véhicules diversifiés retrouvent les faveurs des épargnants, les SCPI de bureaux devront démontrer leur capacité à s'adapter aux nouvelles réalités du marché immobilier tertiaire.