Netflix acquiert Warner Bros et HBO Max pour 82,7 milliards de dollars, créant un géant du streaming. Ce rachat historique regroupe Harry Potter, DC Comics et Game of Thrones sous la bannière du leader mondial.
Netflix vient de frapper un coup historique. Le géant du streaming a annoncé vendredi 5 décembre 2025 l'acquisition des activités studios et streaming de Warner Bros Discovery pour une valeur d'entreprise de 82,7 milliards de dollars. Cette opération, la plus importante jamais réalisée dans l'industrie du divertissement, marque un tournant décisif dans la guerre du streaming.
L'accord prévoit une valeur de fonds propres de 72 milliards de dollars, soit 27,75 dollars par action Warner Bros Discovery. Cette somme se décompose en 23,25 dollars en numéraire et 4,50 dollars en actions Netflix.
Pour financer cette acquisition colossale, Netflix a obtenu un prêt-relais de 59 milliards de dollars auprès de trois banques majeures : Wells Fargo (29,5 milliards), BNP Paribas et HSBC. Il s'agit du deuxième plus important prêt-relais de l'histoire, après les 75 milliards obtenus par AB InBev en 2015 pour le rachat de SABMiller.
Netflix, noté A/A3 par les agences de notation, prévoit de refinancer cette dette par l'émission de 25 milliards de dollars d'obligations et 20 milliards de prêts à terme différés. Le groupe anticipe des économies annuelles de 2 à 3 milliards de dollars dès la troisième année suivant la clôture.
Cette acquisition permet à Netflix de mettre la main sur un patrimoine cinématographique centenaire. Le groupe intègre désormais :
Combinés aux productions Netflix comme Stranger Things, Squid Game et Wednesday, le nouveau groupe disposera du catalogue de contenus le plus vaste au monde.
Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, a reconnu le caractère inhabituel de cette opération : « Je sais que certains d'entre vous sont surpris que nous fassions cette acquisition. Au fil des années, nous avons été connus pour être des bâtisseurs, pas des acheteurs. »
« Cette opération est pro-consommateur, pro-innovation, pro-travailleurs, pro-créateurs, pro-croissance. »
— Ted Sarandos, co-PDG de Netflix
David Zaslav, PDG de Warner Bros Discovery, a salué un rapprochement entre « deux des plus grandes entreprises de narration au monde ». Il a précisé que HBO Max continuerait d'exister comme service distinct.
La transaction fait face à une opposition politique significative. La sénatrice Elizabeth Warren a qualifié l'accord de « cauchemar anti-monopole » qui créerait « un géant médiatique contrôlant près de la moitié du marché du streaming ».
Le sénateur Mike Lee, président de la commission antitrust du Sénat, estime que cette acquisition « devrait alerter les régulateurs de la concurrence ». Le représentant Darrell Issa a souligné que « avec plus de 300 millions d'abonnés mondiaux et une vaste bibliothèque de contenus, Netflix détient déjà un pouvoir de marché inégalé ».
Netflix a accepté de verser une indemnité de rupture de 5,8 milliards de dollars si la transaction échoue pour des raisons réglementaires. Warner Bros Discovery paierait 2,8 milliards de dollars en cas de retrait de sa part.
L'annonce a provoqué des mouvements contrastés en bourse. L'action Netflix a reculé d'environ 3 % à 101 dollars, tandis que Warner Bros Discovery a bondi de plus de 5 %, atteignant son plus haut niveau depuis trois ans.
Les analystes restent majoritairement optimistes. Sur 36 analystes suivant Netflix, 34 recommandent l'achat contre seulement 2 ventes. L'objectif de cours moyen se situe entre 134 et 136 dollars, soit un potentiel de hausse de 25 à 35 %.
Rich Greenfield, cofondateur de LightShed Partners, tempère toutefois l'enthousiasme : les effets économiques de l'opération « pèseront probablement sur Netflix avant de lui bénéficier ».
Cette consolidation transforme radicalement le paysage concurrentiel. Netflix, avec ses 300 millions d'abonnés, absorbe les 128 millions de HBO Max et Discovery+. Disney+, Amazon Prime Video et les autres plateformes font désormais face à un concurrent disposant d'un catalogue et d'une puissance financière sans précédent.
Les exploitants de salles de cinéma s'inquiètent. L'association Cinema United a déclaré que « l'acquisition proposée de Warner Bros par Netflix représente une menace sans précédent pour l'exploitation cinématographique mondiale ». Netflix s'est engagé à honorer les contrats de distribution en salles existants jusqu'en 2029.
La transaction devrait se conclure dans un délai de 12 à 18 mois, après la séparation de Discovery Global prévue au troisième trimestre 2026. Cette entité regroupera les chaînes câblées CNN, TNT et Discovery, sous la direction de Gunnar Wiedenfels.
Le département américain de la Justice mènera un examen antitrust approfondi. Spencer Neumann, directeur financier de Netflix, s'est montré confiant : « Nous sommes engagés à maintenir un bilan sain et nos solides notations de crédit investment grade. Nous prévoyons de ramener l'endettement sous les seuils exigés par les agences de notation dans les deux ans suivant la clôture. »
Pour les investisseurs européens et français, cette acquisition soulève plusieurs enjeux :
Cette opération historique marque la fin de la guerre du streaming telle que nous la connaissions. Elle inaugure une nouvelle ère de consolidation où seuls les acteurs disposant d'une taille critique pourront survivre.
