Meta négocie l'achat de milliards de dollars de puces TPU Google, Nvidia sous pression
Meta Platforms serait en négociation avancée avec Google pour acquérir des milliards de dollars de processeurs TPU destinés à ses centres de données IA. Cette annonce fait chuter l'action Nvidia de 3,6 % tandis qu'Alphabet approche les 4 000 milliards de dollars de capitalisation.
Le marché des semi-conducteurs pour l'intelligence artificielle connaît un bouleversement majeur ce mardi 25 novembre 2025. Selon une enquête exclusive de The Information confirmée par Bloomberg, Meta Platforms, la maison-mère de Facebook et Instagram, serait en négociations avancées avec Google pour acquérir des milliards de dollars de processeurs TPU (Tensor Processing Units). Cette annonce redistribue les cartes d'un marché jusqu'ici largement dominé par Nvidia.
Les contours d'un accord stratégique
Les négociations portent sur un déploiement en deux phases. Dès 2026, Meta pourrait commencer à louer des capacités TPU via Google Cloud. L'étape suivante, prévue pour 2027, verrait l'installation directe de puces TPU au sein des propres centres de données de Meta.
Cette stratégie de déploiement en interne représente un changement de paradigme pour Google. Jusqu'à présent, le géant de Mountain View réservait ses TPU à son infrastructure cloud, les proposant uniquement en location. Avec Meta, Google franchit un cap en vendant directement ses processeurs pour installation sur site client.
« Les dirigeants de Google Cloud estiment que cette expansion des ventes de TPU pourrait capturer jusqu'à 10 % des revenus annuels de Nvidia, soit plusieurs milliards de dollars. »
Ironwood : la septième génération de TPU défie Nvidia
Le timing de ces négociations coïncide avec le lancement commercial d'Ironwood, la septième génération de TPU Google. Les spécifications techniques impressionnent :
Performance : 4 614 TFLOPS en FP8, comparable au Nvidia B200
Mémoire : 192 Go de HBM3E avec une bande passante de 7,37 To/s
Efficacité : 4 fois plus rapide que la génération précédente avec 30 % de consommation en moins
Scalabilité : pods de 9 216 puces délivrant 42,5 ExaFLOPS
À titre de comparaison, le superpod Ironwood surpasse largement les systèmes Nvidia GB300 NVL72, qui atteignent 0,36 ExaFLOPS. Comme l'a souligné Amin Vahdat, vice-président de Google Cloud ML : « Le supercalculateur El Capitan, numéro un mondial, délivre 1,7 exaflops par pod. Ironwood offre plus de 24 fois cette puissance de calcul. »
Réactions immédiates des marchés
L'annonce a provoqué des mouvements significatifs en bourse ce mardi 25 novembre :
Nvidia (NVDA) : -3,6 % en pré-marché, cours autour de 175-179 dollars, capitalisation ~4 490 milliards de dollars
Alphabet (GOOGL) : +4,2 % après une hausse de 6 % lundi, approchant les 4 000 milliards de capitalisation
Broadcom (AVGO) : +2 % (partenaire de conception des TPU Google)
AMD (AMD) : -3 % par effet de contagion
L'action Alphabet a atteint un plus haut historique de 318,66 dollars à la clôture du 24 novembre, et le titre poursuit sa progression vers un record absolu.
Meta : une stratégie de diversification à 70 milliards de dollars
Cette négociation s'inscrit dans une stratégie massive d'investissement de Meta dans l'infrastructure IA. Le groupe de Mark Zuckerberg prévoit des dépenses d'investissement (capex) de 70 à 72 milliards de dollars pour 2025, contre 37 milliards en 2024. Cette enveloppe devrait encore croître « significativement » en 2026, selon la CFO Susan Li.
Meta développe actuellement deux « clusters titans » :
Prometheus (Ohio) : 1 gigawatt de capacité de calcul prévu pour 2026
Hyperion (Louisiane) : évolutif jusqu'à 5 gigawatts, superficie comparable à Manhattan
Au total, Meta s'engage sur plus de 600 milliards de dollars d'investissements aux États-Unis d'ici 2028 pour soutenir ses ambitions en intelligence artificielle.
Nvidia : une domination contestée mais pas menacée
Malgré cette nouvelle, la position de Nvidia reste solide. Le fabricant de GPU détient encore 85 à 90 % du marché des accélérateurs IA, selon les estimations d'AIMultiple et Marketplace.org. Plusieurs facteurs jouent en sa faveur :
Écosystème CUDA : la plateforme logicielle propriétaire de Nvidia reste incontournable pour de nombreux développeurs IA
Contrats majeurs : OpenAI (4 millions de GPU), Microsoft, Oracle continuent de s'approvisionner massivement chez Nvidia
Blackwell : la nouvelle architecture supporte le format FP4, positionné pour l'inférence haute performance
Cependant, la tendance à la diversification s'accélère. JPMorgan estime que les puces custom développées par Google, Amazon, Meta et OpenAI représenteront 45 % du marché d'ici 2028, contre 37 % en 2024.
Anthropic, premier client de référence
Google bénéficie d'une validation de poids avec Anthropic, créateur du chatbot Claude. En octobre 2025, les deux entreprises ont annoncé un accord « de plusieurs dizaines de milliards de dollars » donnant accès à Anthropic à jusqu'à 1 million de TPU et plus d'un gigawatt de capacité de calcul d'ici 2026.
Thomas Kurian, CEO de Google Cloud, a déclaré : « Le choix d'Anthropic d'étendre significativement son utilisation des TPU reflète le rapport prix-performance et l'efficacité que ses équipes ont constatés avec les TPU depuis plusieurs années. »
Anthropic, dont le chiffre d'affaires annualisé approche les 7 milliards de dollars, illustre une stratégie multi-fournisseur. L'entreprise utilise également les puces Trainium d'Amazon et les GPU Nvidia, réduisant ainsi sa dépendance à un seul fournisseur.
Ce que cela signifie pour les investisseurs
Pour les investisseurs exposés au secteur technologique, cette évolution appelle plusieurs réflexions :
Nvidia : le titre reste à surveiller. Une perte de 10 % des revenus au profit des TPU représenterait plusieurs milliards de dollars, mais la demande globale en puces IA continue d'exploser
Alphabet : la monétisation des TPU ouvre un nouveau relais de croissance au-delà de la publicité et du cloud classique
Broadcom : en tant que partenaire de conception des TPU Google, l'entreprise bénéficie directement de cette expansion
Diversification : l'approche multi-fournisseur de Meta et Anthropic pourrait devenir la norme dans l'industrie
Prochaines étapes à surveiller
Les négociations entre Meta et Google n'ont pas encore abouti à un accord définitif. Plusieurs éléments pourraient influencer leur issue :
La finalisation des termes financiers et du volume de puces concerné
Les résultats des tests de performance des TPU Ironwood dans les cas d'usage spécifiques de Meta
La réponse potentielle de Nvidia en termes de pricing ou de partenariats exclusifs
L'évolution du contexte réglementaire sur les semi-conducteurs, notamment les tensions sino-américaines
Une annonce officielle pourrait intervenir dans les prochaines semaines, selon les sources proches du dossier.
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