L'industrie des ETF pulvérise tous les records en 2025 avec 1 400 milliards de dollars de flux nets aux États-Unis et plus de 2 000 milliards au niveau mondial. Le fonds VOO de Vanguard devient le premier ETF de l'histoire à dépasser les 120 milliards de collecte annuelle. Analyse complète des tendances qui redéfinissent la gestion d'actifs.
L'industrie des ETF (Exchange-Traded Funds) clôture 2025 sur une série de records qui marquent un tournant dans l'histoire de la gestion d'actifs. Avec 1 400 milliards de dollars de flux nets aux États-Unis et plus de 2 000 milliards au niveau mondial, les fonds indiciels cotés consolident leur position dominante face aux fonds traditionnels.
Cette performance exceptionnelle s'inscrit dans un contexte de marchés porteurs : le S&P 500 affiche une hausse de 18 % depuis le début de l'année, ponctuée de 36 nouveaux records historiques. Les marchés développés progressent de 27 % et les marchés émergents culminent à 30 %, inversant la tendance de 2024 où les États-Unis dominaient.
Les données compilées par Bloomberg Intelligence et ETFGI révèlent l'ampleur du phénomène :
Le quatrième trimestre 2025 a contribué à hauteur de 341 milliards de dollars, maintenant un rythme trimestriel record dans toutes les classes d'actifs. Ce montant représente près du double de la moyenne trimestrielle observée depuis 2020.
Le Vanguard S&P 500 ETF (VOO) s'impose comme le grand gagnant de l'année. Premier ETF de l'histoire à franchir la barre des 120 milliards de dollars de collecte annuelle, VOO a capté à lui seul plus de 13 % de l'ensemble des flux ETF américains.
« VOO est devenu le véhicule de référence pour de nombreux investisseurs souhaitant s'exposer aux actions américaines. »
— Todd Rosenbluth, responsable de la recherche chez TMX VettaFi
Avec des frais de gestion de seulement 0,03 % (trois points de base), VOO surpasse désormais le SPDR S&P 500 ETF Trust (SPY) en termes d'actifs sous gestion, dépassant les 700 milliards de dollars. Ce différentiel de six points de base par rapport à SPY explique en grande partie cet afflux massif.
Les ETF obligataires ont enregistré leur meilleure année historique avec 384 milliards de dollars de flux, soit près de 100 milliards de plus que le record de 2024. Cette performance reflète le repositionnement des investisseurs dans un environnement de taux stabilisés.
Le iShares 0-3 Month Treasury Bond ETF (SGOV) domine ce segment avec plus de 35 milliards de dollars de collecte, poursuivant une série de 25 mois consécutifs de flux positifs. Les allocations en bons du Trésor à très court terme représentent désormais 53 % des flux Treasury, près du double de 2024.
Fait notable : les ETF obligataires actifs captent 38 % des flux totaux de cette classe d'actifs, soit 146 milliards de dollars. Cette proportion dépasse la part de 33 % des ETF actifs dans l'ensemble des flux toutes catégories confondues.
L'année 2025 marque un basculement historique : pour la première fois, les États-Unis comptent plus d'ETF actifs (2 273) que d'ETF passifs (2 142). Les ETF actifs représentent désormais 54 % des produits de l'industrie, renversant la domination historique des fonds indiciels purs.
Cette mutation s'explique par l'explosion des lancements : 84 % des quelque 1 000 nouveaux ETF créés en 2025 sont des produits actifs. Les actifs mondiaux des ETF actifs ont dépassé les 1 200 milliards de dollars, soit un quasi-doublement par rapport aux 695 milliards de 2023.
« L'espace des ETF actifs approche de sa prochaine vague de croissance. La réforme des parts sociales, les conversions de fonds et l'arrivée de nouveaux acteurs redessinent le marché. »
— Analyse Bloomberg Intelligence
Toutefois, les performances des gérants actifs restent contrastées. Sur les 3 200 fonds actifs analysés par Morningstar, seuls 33 % ont survécu et battu leur équivalent passif sur les douze mois terminés en juin 2025. Ce taux chute à 8 % sur dix ans pour les fonds actions américaines large cap.
Le marché européen des ETF UCITS s'apprête également à établir un nouveau record avec des flux dépassant les 300 milliards d'euros, contre 256 milliards en 2024. Les flux vers les actions européennes ont atteint des niveaux sans précédent, avec les trois meilleurs mois de collecte depuis 2015 enregistrés au premier semestre 2025.
Pour les investisseurs français, les ETF sont devenus un pilier de la gestion de patrimoine moderne, accessibles via le PEA, l'assurance-vie ou le PER. Le iShares MSCI World Swap PEA (WPEA) s'impose comme une référence pour les épargnants recherchant une diversification mondiale avec des frais compétitifs de 0,25 %.
Les ETF sur l'or ont enregistré une collecte record de 43 milliards de dollars en 2025, contre seulement 1,6 milliard en 2024. Cette ruée vers l'or intervient alors que le métal jaune a progressé de près de 60 %, franchissant les 4 000 dollars l'once.
Les cryptomonnaies ont également attiré des flux significatifs : 17,4 milliards de dollars au premier semestre pour les ETP Bitcoin, portant les actifs totaux du segment à près de 114 milliards. L'ETF Bitcoin de BlackRock (IBIT) a toutefois connu son premier mois de sorties en novembre, avec 2,3 milliards de retraits.
La structure oligopolistique du marché se renforce. Les trois plus grands émetteurs captent près de 60 % des actifs mondiaux :
Cette concentration pose des questions en termes de gouvernance d'entreprise, ces trois acteurs détenant collectivement des participations significatives dans la quasi-totalité des grandes capitalisations mondiales.
Malgré cette année exceptionnelle, certains analystes appellent à la prudence pour 2026.
« Nous pensons qu'il y aura une forme de retour à la réalité l'année prochaine. Après une année aussi parfaite pour les ETF, on a tendance à vouloir se préparer au pire. »
— Eric Balchunas, analyste senior chez Bloomberg Intelligence
Parmi les signaux d'alerte : les ETF small caps sont en passe d'enregistrer leur plus importante sortie annuelle historique (-7,9 milliards $), malgré des performances positives de l'indice Russell 2000 supérieures à 15 %. Cette divergence entre flux et performance suggère un positionnement défensif des investisseurs.
La SEC a par ailleurs autorisé plusieurs gestionnaires, dont BlackRock, Fidelity et Dimensional, à proposer des ETF comme classes d'actions de leurs fonds mutuels existants. Cette innovation pourrait rediriger des milliers de milliards de dollars vers le format ETF, mais soulève des interrogations sur les risques opérationnels.
L'année 2025 restera comme un tournant dans l'histoire de la gestion d'actifs. Avec des flux record, une diversification des stratégies actives et une adoption croissante à l'échelle mondiale, les ETF s'imposent définitivement comme le véhicule d'investissement du XXIe siècle. Pour les épargnants français, cette tendance offre des opportunités de diversification à moindre coût via le PEA ou l'assurance-vie, à condition de rester vigilant face aux risques de concentration et de valorisation élevée des marchés.
