Une nouvelle séance dans le rouge pour Wall Street
Les marchés boursiers américains ont prolongé leurs pertes mercredi 17 décembre 2025, avec le S&P 500 qui a reculé de 1,16 % à 6 721,43 points. Le Nasdaq Composite a essuyé une baisse plus marquée de 1,81 % pour clôturer à 22 693,32 points, tandis que le Dow Jones Industrial Average a cédé 228,29 points, soit 0,47 %, à 47 885,97 points.
Cette quatrième séance consécutive de baisse reflète une prudence croissante des investisseurs à l'approche de la publication des données sur l'inflation de novembre, attendues pour le 18 décembre à 8h30 heure de l'Est. L'indice VIX, baromètre de la volatilité, a progressé de 1,6 % à 16,93, témoignant de la nervosité ambiante.
Les valeurs technologiques sous pression
Le secteur technologique a particulièrement souffert, alimentant les craintes d'une bulle autour de l'intelligence artificielle. Oracle a dégringolé de 5,4 % après que Blue Owl, son principal partenaire, ait refusé de financer un projet de centre de données de 10 milliards de dollars. Cette décision intervient alors que le géant du logiciel avait déjà prévenu d'une augmentation massive de ses dépenses d'investissement pour l'exercice 2026, passant de 35 milliards à 50 milliards de dollars.
D'autres poids lourds de la tech ont également accusé le coup : Nvidia a reculé de 3,8 %, Broadcom de 4,5 % et AMD de 5,3 %. Broadcom avait d'ailleurs plongé jusqu'à 12 % plus tôt dans la semaine après avoir averti que ses marges seraient comprimées en raison de l'augmentation du coût des composants nécessaires à la production de ses systèmes de puces IA.
Des doutes sur la rentabilité des investissements IA
Ces mouvements s'inscrivent dans un contexte de questionnements croissants sur la rentabilité des investissements colossaux dans l'intelligence artificielle. Le PDG d'IBM, Arvind Krishna, a déclaré qu'il n'y avait « aucun moyen » que les hyperscalers obtiennent un retour sur l'ensemble de ces dépenses massives en centres de données.
L'indice des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie a chuté jusqu'à 5 %, enregistrant sa plus forte baisse en deux mois, alors que le marché réévalue les perspectives de ces entreprises dont les valorisations avaient atteint des sommets historiques.
La Fed et les taux d'intérêt en toile de fond
La politique monétaire de la Réserve fédérale continue de peser sur le sentiment du marché. Le 10 décembre, la Fed a abaissé ses taux directeurs à une fourchette de 3,5 % à 3,75 %, marquant sa troisième réduction de l'année. Toutefois, le «dot plot», qui reflète les projections des membres du comité, n'anticipe qu'une seule baisse de taux supplémentaire pour l'ensemble de l'année 2026.
Cette approche prudente de la banque centrale américaine a entraîné une hausse des rendements obligataires. Le rendement du Trésor à 10 ans a atteint 4,16 % le 17 décembre, proche de son plus haut niveau depuis début septembre 2024. Cette remontée des taux longs pèse sur les valorisations boursières, en particulier pour les valeurs de croissance.
L'inflation au centre de l'attention
Les investisseurs attendent avec impatience la publication de l'indice des prix à la consommation (IPC) de novembre, prévue pour le 18 décembre à 8h30 ET. Cette publication avait initialement été programmée pour le 10 décembre, mais a dû être reportée en raison d'un shutdown gouvernemental qui a empêché le Bureau des statistiques du travail de collecter l'ensemble des données nécessaires.
Ces chiffres d'inflation arrivent après la décision de la Fed et pourraient influer sur les anticipations du marché concernant la trajectoire future de la politique monétaire en 2026.
Des publications de résultats sous haute surveillance
La journée du 18 décembre verra également la publication de résultats trimestriels de plusieurs grandes entreprises, dont les performances seront scrutées comme des indicateurs de la santé économique globale.
- Nike : les analystes anticipent un bénéfice par action de 0,37 $ sur un chiffre d'affaires de 12,18 milliards de dollars
- FedEx : les prévisions tablent sur un BPA de 4,09 $ pour des revenus de 22,83 milliards de dollars
- Accenture : le cabinet de conseil devrait afficher un BPA de 3,74 $ sur 18,51 milliards de dollars de revenus
Ces trois entreprises, opérant dans des secteurs variés (consommation, logistique et services professionnels), fourniront des indications précieuses sur la demande des consommateurs et des entreprises.
Une rotation sectorielle en marche
Malgré les difficultés des valeurs technologiques, le marché américain témoigne d'une dynamique de rotation sectorielle qui pourrait être interprétée comme un signe de bonne santé. L'indice Russell 1000 Value, qui regroupe les valeurs décotées, surperforme nettement son homologue axé sur la croissance.
Les secteurs industriels et financiers affichent des performances solides, avec respectivement des gains de 8,6 % et 6,2 % sur les six derniers mois. Le Dow Jones, le S&P 500 Equal Weight et le Russell 2000 ont tous récemment atteint de nouveaux sommets historiques, contrastant avec les difficultés du Nasdaq dominé par les valeurs technologiques.
Les facteurs de la rotation
Plusieurs éléments expliquent ce mouvement vers les valeurs décotées :
- Les taux d'intérêt restent relativement élevés, pénalisant les valorisations des valeurs de croissance
- Les inquiétudes concernant les valorisations « tendues » dans les secteurs de la technologie et de l'IA
- Une volonté de diversification de la part des investisseurs après une longue période de concentration sur quelques grandes capitalisations technologiques
Perspectives : un rallye de fin d'année reste possible
Malgré la série de baisses actuelles, certains analystes maintiennent une probabilité élevée d'un « rallye du père Noël » traditionnel en fin d'année. Cette période favorable aux marchés boursiers, observée historiquement entre Noël et le Nouvel An, pourrait apporter un répit aux indices malmenés.
BlackRock note que la volatilité accrue crée des opportunités pour générer des rendements supérieurs aux indices de référence. L'institution suggère que bien que la volatilité puisse encore augmenter, il y a probablement de la place pour une nouvelle année solide en 2026, en particulier pour les obligations et les actions internationales.
Ce qu'il faut surveiller
Dans les jours à venir, plusieurs éléments clés méritent l'attention des investisseurs :
- Les données IPC du 18 décembre et leur impact sur les anticipations de politique monétaire
- Les résultats de Nike, FedEx et Accenture comme baromètres de la demande économique
- L'évolution des rendements obligataires, particulièrement le Trésor à 10 ans
- Les déclarations des responsables de la Fed concernant les perspectives 2026
- La poursuite ou non de la rotation sectorielle vers les valeurs décotées
Alors que 2025 touche à sa fin, les marchés américains naviguent entre des préoccupations sectorielles spécifiques - notamment autour de l'IA - et des facteurs macroéconomiques plus larges comme l'inflation et la politique monétaire. La résilience de certains secteurs face aux difficultés de la tech suggère néanmoins une certaine robustesse du marché dans son ensemble.